Potentiellement, tout est dangereux pour l’appareil digestif fragile du cheval, hormis l’herbe sous ses deux formes ; l’herbe fraiche et le foin (herbe sèche), le seul aliment qui peut et doit être disponible à volonté. Pour le reste, tout est dangereux, s’il y en a trop. Je paraphrase intentionnellement la célèbre maxime du médecin suisse du 16ème siècle Paracelse « Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison ». Voyons alors quels sont les aliments qui posent problème en pratique lorsqu’ils sont surconsommés.

La paille peut-elle causer des coliques de stase ?

​La majorité des chevaux n’ont pas de foin à volonté et sont sur litière de paille. Résultat logique, ils mangent plus de 3 kg de paille par jour, et risquent un phénomène de constipation : crottins durs, secs, qui s’accumulent dans les courbures du gros intestin (zones de rétrécissements de la lumière intestinale), provoquant un arrêt du transit (= stase). Ce processus est douloureux, d’où le déclenchement du syndrome de douleur abdominale bien connu chez les chevaux, appelé « Coliques ». Ici, ce type de colique lié à une constipation est nommé « Colique de coprostase ».

Au départ bénigne, si tout est fait à temps, les coliques peuvent mal tourner et évoluer vers l’aggravation mortelle (douleur, spasme, torsion intestinale ou déplacement)

Il vaut mieux utiliser en litière de la paille de blé plutôt que de la paille d’orge, celle-ci étant plus appétente et plus consommée par les chevaux.

Quels sont les aliments dangereux pour chevaux ?Anecdote de terrain : livraison de paille toxique 

Une nuit, 1er appel de colique… Coprostase mais cheval fiévreux, ce n’est pas normal… puis, pendant les soins du 1er cheval, un autre part en colique, puis un 3ème … J’appelle du renfort mais en me renseignant j’apprends qu’une nouvelle livraison de paille est arrivée dans la journée, je la goûte, elle est salée, donc très appétente, et les produits de traitements n’ont vraisemblablement pas été rincés par la pluie depuis leur épandage. Branle bas de combat pour mettre des paniers à tous les chevaux et vider les boxes, mais nous aurons à gérer la moitié de l’écurie « sur le dos » toute la nuit, sans séquelle fort heureusement.

1er réflexe, quelle que soit l’origine de la colique, quelle que soit la litière, mettre le panier au cheval pour l’empêcher de manger (peut boire grâce aux trous sous la bouche).

Les concentrés peuvent-ils entrainer un risque de fourbure ? 

Les concentrés sont tous les aliments donnés en complément du foin. Ils sont nommés ainsi car ils concentrent beaucoup de calories dans un petit volume. Ce sont des céréales (avoine, orge, maïs), des huiles, des sous produits...

Ils sont distribués à raison de quelques kg par jour, et il faut que ce nombre de kg soit inférieur au nombre de kg de foin par jour, pour un bon équilibre. En trop grandes quantités, ils sont très dangereux, entrainant des troubles graves, comme des fermentations, des gaz, des diarrhées, des coliques, et surtout un risque de fourbure, chronique ou aiguë. Le point de départ de la fourbure est un relargage de toxines d’origine digestive entrainant une intoxication générale et des troubles de la circulation en particulier dans les pieds.

Typiquement un cheval qui s’échappe et s’attaque à la brouette de granulés va déclencher dans les heures qui suivent une fourbure aiguë, c’est un cas d’urgence pour le vétérinaire qui va tenter de vidanger son estomac et mettre en place toute les mesures préventives possibles.

Aliments dangereux pour chevaux

Attitude typique d’un cheval fourbu des deux antérieurs :
​soulagement des deux pieds antérieurs, marche comme sur des œufs

Quels sont les risques des sous-produits alimentaires pour les chevaux ?

  • Les sous produits dont la quantité ingérée doit être modérée sont par exemple la mélasse, qui est souvent utilisée pour la bonne « tenue » des granulés (pour qu’ils ne soient pas friables). En trop grande quantité (pour masquer souvent un mauvais goût), elle peut être responsable de diarrhées et d’ulcères gastriques.
  • Le blé est également à déconseiller, trop fermentescible, pouvant déclencher des coups de sang ou des ulcères gastriques.
  • Les sons et enveloppes (téguments, remoulages) peuvent, utilisés en trop grandes quantités, par leur richesse en Phosphore, gêner l’absorption du Calcium et d’autres oligo-éléments, entrainant ainsi des carences dommageables pour l’état général.

Quels sont les risques des friandises pour les chevaux ? 

Comme nous l’avons vu ci-avant, le blé est une céréale à risque pour les équidés, aussi faut-il l’utiliser avec une grande modération lorsqu’on distribue du pain sec comme friandise aux chevaux.

Le chocolat est un cas particulier car s’il est toxique à haute dose (présence d’un alcaloïde de la famille de la caféine, la théobromine), il est de toute façon proscrit car positif au contrôle antidoping même à faible dose, donc à éviter absolument.

Préférez pommes coupées en 4, carottes, artichaut cru en morceaux (bons pour les reins et le foie), une poignée de corn-flakes, un sucre, et des friandises du commerce … Faites simple, et surtout, pensez au foin.

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