​Le « syndrome du veau mou » ou du « veau faible » est un ensemble de signes cliniques dont le principal est l’absence de réflexe de succion et donc une tétée diminuée voire absente. Le veau est abattu et cela peut mener à une déshydratation, un coma et la mort si aucune mesure corrective n’est entreprise.

Quelles sont les causes du syndrome du veau mou ?

Ce syndrome peut être expliqué par plusieurs phénomènes, qui peuvent être la cause du problème de manière individuelle mais qui, le plus souvent sont liés les uns aux autres :

  • L’hypoxie, définie par un apport insuffisant en oxygène des tissus, et au niveau du cerveau principalement. Elle est à l’origine de lésions cérébrales et conduit aux deux phénomènes suivants.
  • L’acidose métabolique, définie  par une augmentation de l’acidité sanguine, provoque une dépression du système nerveux (veau comateux) et a un effet néfaste sur l’activité cardiaque et celles des muscles squelettiques.  
  • L’hypothermie, définie par une baisse de la température corporelle en dessous de 38°, a pour effet un dysfonctionnement cérébral et une surconsommation de glucose dans le but de produire de la chaleur, ce qui amène au phénomène suivant.
  • L’hypoglycémie, définie par une baisse de la concentration sanguine en glucose en dessous de 1 g/L à partir de 24h de vie, provoque un état léthargique et une diminution du réflexe de succion, une tétée insuffisante et donc un apport limité en énergie, ce qui accentue son abattement (cercle vicieux).
  • Une douleur ostéo-articulaire, apparue lors du vêlage. Les douleurs peuvent se situer au niveau de la mâchoire ou du cou, ce qui empêchera physiquement le veau de téter, ou ailleurs dans le corps (fracture d’un membre, arthrite, malformation…), ce qui affectera la vitalité générale du veau qui ne tétera pas et qui entrera dans un état hypoglycémique. 

Quelle est l'origine des causes du syndrome du veau mou ?

De multiples phénomènes ou événements peuvent être à l’origine du syndrome du veau mou.

Durant la gestation

Voici quelques causes non exhaustives développées durant la gestation :

Une carence en protéines

Les mères dont la ration est carencée en protéine, principalement dans les deux derniers mois de gestation, ont plus de chance de faire naître un veau mou. En effet, ces veaux ont une thermorégulation déréglée et donc une probabilité plus importante à l’hypothermie.

Une carence en sélénium et en vitamine E 

Une carence en sélénium et en vitamine E chez le veau nouveau-né a plusieurs conséquences néfastes dont :

  • Une immaturité des poumons à la naissance, ainsi qu’une cardiomyopathie (efficacité réduite du muscle cardiaque) qui provoque un état d’hypoxie chez le veau et, par la suite, le reste des déséquilibres physico-chimiques vus précédemment ;
  • Une insuffisance de nombreux mécanismes de défense générale de l’organisme (système immunitaire, lutte contre le stress oxydatif…) : l’animal est alors plus susceptible de contracter une maladie infectieuse.
  • Une dégénérescence musculaire congénitale, dont les signes peuvent se manifester dès la naissance par une incapacité du veau à se tenir debout et à téter si les muscles de la mâchoire sont touchés. Cela entraîne une faiblesse importante et une mortalité précoce. 

Une carence en iode 

L’iode est une des matières premières indispensables à la synthèse d’hormones thyroïdiennes. Ces hormones sont d’importance capitale pour son développement et sa capacité à s’adapter à son environnement à la naissance. Elles influencent le poids à la naissance, le poids du cerveau ainsi que la dimension et le nombre des cellules cérébrales, la maturation pulmonaire… Elles ont aussi un rôle dans la thermorégulation ainsi que sur l’immunité. 

Une carence en iode durant la gestation a donc un effet négatif sur tous ces paramètres.

Il est à noter que le sélénium et l’iode sont efficacement transmis de la mère au fœtus par la barrière placentaire. 

Une infection 

Lors de fièvre chez la mère (quelque en soit la cause), les apports en oxygène et en glucose sont diminués pour le fœtus. De plus, certains agents infectieux sont à l’origine d’une atteinte cérébrale du veau lors de la gestation comme les virus de la BVD, de l’IBR ou de la FCO.

Un veau dont la mère a subi une infection durant la gestation a donc de plus grandes chances de développer un syndrome du veau mou.

Durant le vêlage

D’autres causes durant le vêlage ou apparaissant rapidement après celui-ci peuvent être responsables d’un veau mou :

  • Pourquoi mon veau ne boit-il pas ?Une dystocie, désignant un vêlage difficile, que ce soit d’origine maternelle (bassin trop petit, contractions inefficaces…) ou d’origine fœtal (veau trop gros, mal positionné…) nécessite une extraction forcée et provoque fréquemment une hypoxie cérébral (le veau n’est plus approvisionné en oxygène par le cordon ombilical et ne respire pas encore efficacement). De plus, des douleurs ostéo-articulaires ou musculaires sont quasiment systématiquement provoquées (utilisation d’une vêleuse, passage du veau dans un bassin trop petit…) 
  • Des anomalies congénitales, comme par exemple le gène “culard”, rencontré principalement dans les races Blanc-Bleu-Belge, Blonde d’Aquitaine ou Charolaise, est responsable chez le veau porteur de la mutation d’une hypertrophie musculaire et d’une malformation cardiaque, responsable de dystocie et d’insuffisance cardio-vasculaire.
  • En période post-natale, une exposition au froid ou une infection digestive (entérite), articulaire (arthrite), respiratoire (broncho-pneumonie), du cordon ombilical (omphalite ou « gros nombril »), ou pouvant même aller jusqu’à la septicémie (présence et multiplication de bactéries dans le sang) sont évidemment à l’origine de fièvre et d’abattement chez le veau, chez qui se mettent en place les phénomènes délétères détaillés plus haut.     

Comment aider le veau à boire ?

Evidemment, il n’est pas envisageable de faire faire une prise de sang pour doser les oligo-éléments et vitamines de chaque veau faible. Il est plutôt conseillé de complémenter les mères en minéraux, oligo-éléments et vitamines (en plus d’une alimentation équilibrée) toute au long de l’année, ou à défaut dans les deux derniers mois de gestation, pour assurer un vêlage et un démarrage du veau dans les meilleures conditions. Si cela n’a pas été réalisé, on peut complémenter rapidement le veau à la naissance (complément en oligo-éléments et vitamines souvent conditionné sous forme de seringue à faire avaler, ou sous forme injectable à répéter durant les premiers jours de vie).

Il faudra bien entendu faire appel à un vétérinaire pour soigner le veau lors de traumatisme ostéo-articulaire ou d’infection.