Dans le billet précédent, nous nous sommes intéressés à la cétose clinique chez les vaches laitières, c’est-à-dire lorsque des symptômes sont visibles. Cette cétose clinique représente une petite partie du phénomène car ne touchant qu’environ 5 % des vaches laitières, mais jusqu’à 40 % des vaches développent une cétose sub-clinique.

Cette maladie est causée par les mêmes facteurs que la cétose clinique, mais en moins prononcés, les conséquences seront donc moins exacerbées : la vache ne montrera pas de signes cliniques visibles. Les corps cétoniques sont en quantité modérée dans le sang (1,0 à 1,4 mmol/L), et cette cétose sub-clinique pourra évoluer :

  • Favorablement, avec la diminution de production de lait, la demande énergétique sera moindre et l’état de cétose disparaitra spontanément en quelques jours ou semaines ;
  • Ou pourra devenir clinique si les phénomènes compensateurs ne sont pas suffisants.

Il peut être intéressant de réaliser une enquête sur un échantillon de quelques vaches en fin de tarissement et en post-vêlage : un vétérinaire peut réaliser des prises de sang et une mesure des corps cétoniques directement à la ferme. Cela permet d’avoir une idée de l’impact réel de la cétose sub-clinique dans l’élevage.

La cétose sub-clinque provoquent de nombreux troubles

Les conséquences de la cétose sub-clinique sont nombreuses, et surtout insidieuses car peu flagrantes :

  • Diminution de la production de lait (4 à 6 % par jour en sub-cétose) ;
  • Augmentation du taux butyreux (par augmentation de la disponibilité des AGL) et diminution du taux protéique (diminution des apports énergétiques) ;
  • Diminution des performances de reproduction:
    • Augmentation significative de l’intervalle vêlage – première insémination ;
    • Augmentation du nombre d’IA nécessaires à la fécondation ;
    • Développement accru de kystes ovariens ;
  • Diminution de la performance du système immunitaire:
    • Diminution du nombre de globules blancs sanguins ;
    • Diminution de l’activité de destruction des bactéries (par le phénomène de phagocytose) ;
  • Augmentation de l’occurrence de maladies infectieuses péripartum (mais on peut se poser la question si la cétose sub-clinique est ici primaire ou secondaire) ;
  • Impact économique: à cause de tous les phénomènes cités précédemment, on considère qu’un épisode de cétose sub-clinique coûte à un éleveur (en Amérique du Nord) autour de 80 $ par vache et par lactation, sans prendre en compte les frais vétérinaires.

Le ceto-phyton, une bonne option pour la prévention et le traitement de la cétose

Le Ceto-Phyton est se présente sous forme liquide, à faire avaler à la vache en prévention ou en traitement de la cétose sub-clinique (la distinction est difficile dans ce cas car la vache n’est pas « visiblement malade ») ou en traitement d’une cétose clinique. 

Il contient quatre éléments visant à rétablir un métabolique énergétique efficace :

  • Le monopropylène glycol (ou propanediol)

Le propylène glycol est métabolisé en grande partie par les bactéries du rumen pour donner du proprionate. Cette molécule sera à la base de la production de glucose dans le foie, par le phénomène de néoglucogenèse, et donc d’une augmentation de la glycémie et de la concentration sanguine en insuline. Il y aura par conséquent une diminution de la cétogenèse, phénomène causal de la maladie. Le propylène glycol non transformé par les bactéries est absorbé par la muqueuse de la panse et donnera du lactate, autre molécule rentrant dans la voie de la néoglucogenèse.

L’administration orale directe (par gavage) ou dans une faible quantité de concentrés est plus efficace par rapport à l’ajout de celui-ci dans la ration mélangée. On remarque une augmentation plus rapide de la glycémie, une diminution de la libération d’acides gras libres et de la production de corps cétoniques.

  • Le propionate de sodium

Le but recherché de ce constituant est le même qu’avec le propylène glycol, mais en ayant une action plus rapide puisque l’étape de métabolisation par la flore ruminale est court-circuitée.

  • La niacinamide (ou vitamine B3 ou vitamine PP)

Cette molécule inhibe l’activité d’une enzyme : la lipase, ce qui permet une diminution de la concentration d’acides gras dans le sang. Elle permet également l’augmentation de la concentration sanguine d’insuline et de glucose (et réduit donc la cétogenèse).

Les doses actuellement recommandées sont de 3 à 6 g pour un bovin de 600 kg, par jour et pendant au moins 10 jours (150 ml de Ceto-Phyton en apporte 3 g).

Son emploi semble plus adapté pour la prévention que pour le traitement de la cétose.

  • L’extrait de Sylibum marianum (ou Chardon-Marie)

L’extrait de cette plante a un effet hépato-protecteur de par ses propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires et par la stimulation de la production de protéines, améliorant la régénération et la multiplication des cellules du foie. Il stimule de plus l’appétit.

Comment utiliser le ceto-phyton ?

Pour réduire le risque de cétose, on fait avaler à la vache candidate (typiquement une vache bonne productrice un peu grasse en fin de tarissement) 150 ml de Ceto-Phyton pendant 7 jours consécutifs, dans le mois qui suit le vêlage (l’administration peut commencer, selon les cas, dès les premiers jours post-partum ou à partir de la 3ème ou 4ème semaine de lactation).

En récupération de cétose clinique, il faut distribuer 350 ml par jour pendant au moins 4 jours, et pour contrer un cétose sub-clinique, on pourra donner une dose intermédiaire (250 ml environ) pendant 4 à 6 jours.

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