Les suros sont des excroissances osseuses, le plus souvent situées à la face interne des membres, sous les jarrets ou sous les genoux. Disgracieuses, ces « grosseurs » sont classées dans les « tares dures », et peuvent être la cause de boiteries. Nous allons aborder leur pathogénie, les soins et la prévention.​ 

Qu’est-ce qu’un suros chez le cheval ?

C’est une réaction osseuse, de la partie superficielle de l’os, la partie dure. En effet, un os se structure de la façon suivante :

Structure d’un os long chez le cheval

​La réaction qui va aboutir à un suros se produit au niveau du périoste (fine membrane qui recouvre l’os) et de l’os périphérique sous-jacent.

​Sous l’action de différentes causes, l’os se déforme et les cellules osseuses de remaniement (les ostéoclastes qui détruisent l’os, et les ostéoblastes qui produisent l’os), entre en jeux et produisent localement une excroissance osseuse.

Où se situent principalement les suros du cheval ?

Les suros des chevaux se situent généralement au niveau des métacarpiens ou métatarsiens rudimentaires, et le plus souvent en interne. Voyons leur emplacement sur un schéma :

Illustration de l'emplacement le plus fréquent d'un suros chez le chevalIllustration d'un suros sur un cheval

​Quelles sont les causes des suros chez le cheval ?

On distingue plusieurs causes :

 

  • Les causes traumatiques :

Les chevaux se donnent des coups, soit entre eux, soit eux-mêmes, avec leurs autres membres. C’est pour cela, on le comprend bien, que ce sont les métas internes qui sont le plus touchés.

Le coup, le choc, traumatise le périoste et l’os dur sous-jacent, et déclenche une réaction de prolifération. Parfois, c’est même une fracture du méta qui va déclencher la production d’un cal, forme la plus intense de prolifération osseuse.

En voici la preuve sur des images radiographiques :

radio d'une fracture du métacarpien rudimentaire et formation d’un cal osseux = suros

  • Les causes mécaniques

Les phénomènes de surcharges existent naturellement en face interne des membres. Lorsque les chevaux ont de mauvais aplombs, ces phénomènes de surcharges peuvent être aggravés (genoux cambrés par exemple). Ces processus sont augmentés également par les surcharges pondérales.

Tous ces éléments concourent à « comprimer » toutes les structures osseuses en face interne des membres, les os « travaillent » de façon anormalement élevée, et des suros peuvent apparaître sous les genoux et les jarrets, d’origine purement mécanique.

  • Les suros de croissance

Lors de la croissance, le squelette travaille, grandit, s’adapte, et il n’est pas rare de voir apparaître sur les jeunes chevaux en croissance des suros que l’on peut interpréter comme des adaptations squelettiques transitoires, qui peuvent disparaitre à l’âge adulte, une fois la croissance finie et le squelette adapté.

Quels sont les risques des suros chez le cheval ?

​On distingue les suros externes, ceux qui sont visibles à l’œil nu, car à l’extérieur de l’os, sous la peau, et les suros internes, ceux qui peuvent être peu visibles à l’œil nu, car poussant vers l’intérieur du membre, du côté des tendons et du ligament suspenseur du boulet.

Revoyons cela sur un schéma pour plus de clarté ​:

Schéma des riques que peut entrainer les risques du suros chez le cheval

Parfois certains gros suros sont à la fois internes et externes.

Le danger, quand le suros pousse en interne et forme une masse osseuse vers l’intérieur du canon, est qu’il frotte sur le ligament suspenseur du boulet et provoque une desmite (comme une tendinite, mais de ce gros ligament suspenseur) chronique, avec gène orthopédique, contre-performance, et parfois boiterie.

Il y a bien évidemment boiterie aigue lorsque le méta est fracturé par un traumatisme.

Les phénomènes de boiterie et d’irrégularité s’observent lors de la phase d’inflammation aigüe des suros d’origine traumatique.

En revanche, les suros en phase chronique ne font généralement pas boiter, bien qu’ils soient à surveiller, et pour plus de précaution, il est recommandé de faire un bilan radiographique afin d’éliminer l’existence d’une prolifération interne.​​

Comment soigner les suros du cheval ?​

  • En phase aigüe et / ou boiterie :

Avec boiterie, douleur, chaleur, tuméfaction, … il faut impérativement faire passer votre vétérinaire, qui fera une anesthésie locale pour confirmer l’origine de la boiterie, et une radio pour chercher une éventuelle fracture.

 

Le ou les traitements seront fonction de ses examens et résultats : anti-inflammatoires, bandages, indication chirurgicale, vésicatoire (traitement inflammatoire local visant à accélérer la cicatrisation), blisters, ou à l’inverse soins froids visant à calmer l’inflammation, …

Si vous sentez une chaleur locale, ou une sensibilité, c’est qu’il y a une inflammation, et dans ce cas vous pouvez lutter contre avec des soins froids : jet d’eau, glace, terre, …

Si au contraire le suros est froid, « calé », mais d’une taille importante, vous pouvez, sous le contrôle de votre vétérinaire, tenter de « réveiller » l’inflammation, en cherchant un effet vésicatoire, avec par exemple des frictions de teinture d’iode à la brosse à dent, en ayant au préalable tondu les poils sur la zone à traiter.

  • En phase chronique sans boiterie :

Si vous sentez une chaleur locale, ou une sensibilité, c’est qu’il y a une inflammation, et dans ce cas vous pouvez lutter contre avec des soins froids : jet d’eau, glace, terre, …

Si au contraire le suros est froid, « calé », mais d’une taille importante, vous pouvez, sous le contrôle de votre vétérinaire, tenter de « réveiller » l’inflammation, en cherchant un effet vésicatoire, avec par exemple des frictions de teinture d’iode à la brosse à dent, en ayant au préalable tondu les poils sur la zone à traiter.

Comment prévenir les suros chez le cheval ?

Les seuls que vous puissiez prévenir sont les suros d’origine traumatiques, sauf à travailler avec votre maréchal et votre vétérinaire à tenter de corriger les aplombs de votre cheval dans la mesure du possible.

Mais les coups, les traumatismes, ça oui, on peut éviter, avec toute la gamme de protections qui nous est offerte :

  • Au box : les bandes de repos, avec des cotons (sous bandages) épais ;
  • A l’exercice : guêtres fermées (faisant le tour du membre) ou bandes de polo ;
  • Pendant les transports : Guêtres de transport.

Stable boots Back On track

En conclusion, les suros sont des problèmes fréquemment rencontrés chez les chevaux. De gravité variable, il faut savoir les repérer, les surveiller, et ne pas hésiter à faire appel au vétérinaire en cas de doute.

Découvrez nos autres articles sur les articulations du cheval :