Nous avons abordé dans la première partie, trois cas de plantes toxiques importants : l’Erable (responsable de la Myopathie Atypique), le Seneçon, et le bien connu If. Continuons cette série avec trois autres cas : Laurier rose, Datura, Porcelle enracinée.

Le Laurier rose

Les plantes toxiques pour les chevaux : Le Laurier RoseEn pot ou en haies, cet arbuste pouvant atteindre 4 mètres de haut est surtout cultivé dans le midi de la France. Bien que d’une toxicité connue même chez l’homme, il reste la 3ème cause d’intoxication chez les chevaux.

« Légende urbaine » que l’on peut lire souvent, concernant soit les soldats de Napoléon, ou les romains, etc… : Des soldats auraient fait rôtir des viandes embrochées sur des branches de Laurier rose, et leur consommation aurait provoqué la mort de 8 soldats sur 12. Vraie ou fausse, cette histoire est tout à fait plausible, quelques feuilles suffisant à tuer un homme adulte.

Il est rare que les chevaux ingèrent la plante fraîche car elle est très amère, aussi le plus souvent ce sont des branches séchées dans le foin, ou de l’eau dans laquelle a baigné la plante.

Toutes les parties de la plante sont toxiques, tiges, feuilles, fleurs, branches, racines… la substance incriminée est un hétéroside cardiotoxique, l’oléandrine (car le nom scientifique du Laurier rose est Nerium Oleander). Sa toxicité est donc cardiaque, mais aussi digestive et neurologique.

En général, la mort est subite, sauf en cas d’ingestion faible, où l’on peut observer des signes peu spécifiques : troubles du rythme cardiaque, sudation, diarrhée… Dans ces cas, l’apparition de signes cliniques est d’un pronostic sombre, avec un décès en 12 à 36 heures.

Le Datura

Plante herbacée annuelle, parfois utilisée comme plante ornementale, le Datura, encore nommé « pomme épineuse » ou « herbe aux fous », pousse aussi en limite des prés cultivés ou sur les remblais. La floraison commence en juin, avec des fleurs relativement discrètes. Les fruits, épineux, apparaissent dès juillet, et contiennent des graines particulièrement toxiques. Les chevaux n’ingèrent généralement pas la plante qui a une mauvaise odeur, sauf éventuellement lors d’une promenade par curiosité.

Les plantes toxiques pour les chevaux : Le Datura

Le plus souvent c’est le foin qui est contaminé par le Datura, en particulier par les graines. Le Datura contient des alcaloïdes toxiques dans toutes ses parties. Il est connu depuis l’antiquité chez les êtres humains comme psychotrope pouvant induire des hallucinations et un état de délire.

Les symptômes de l’intoxication sont : sécheresse des muqueuses, mydriase (dilatation anormale des pupilles, coliques de stase (arrêt du transit digestif), tachycardie (augmentation de la fréquence cardiaque), …

La Porcelle enracinée

Hypochaeris de son nom savant, la Porcelle enracinée est une plante herbacée vivace, c’est-à-dire qu’elle persiste dans la terre en hiver et repousse au printemps. Elle ressemble énormément au Pissenlit avec lequel elle est très souvent confondues. Faites le test sur les deux photos suivantes et tachez de reconnaître la Porcelle du Pissenlit :

La Porcelle enracinée

Voici les réponses :

  • Photos A, D, F : Porcelle enracinée
  • Photos B, C, E : Pissenlit

C’est donc bien difficile de faire la différence, surtout quand elles ne sont pas côte à côte.

Comment différencier la porcelle du pissenlit ?

Voici 3 points qui pourront vous aider :

  • Une des caractéristiques concerne les fruits, les akènes sur lesquelles on souffle pour les faire s’envoler, elles ne sont pas autant « en boule » que les Pissenlits, mais plus ébouriffées ;
  • Les feuilles des porcelles sont couvertes de poils alors que celles des pissenlits sont lisses ;
  • Les tiges des pissenlits sont creuses et laissent couler une substance blanche dite « latex », alors que les tiges de la Porcelle sont pleines et sans latex.

Pourquoi la porcelle est-elle toxique pour les chevaux ?

La toxicité de la Porcelle chez les chevaux, si elle est encore mal expliquée, provoque un mouvement anormal des postérieurs, nommé « harper australien », un mouvement d’hyperflexion des jarrets que le cheval ne peut contrôler.

Si les prairies sont suffisamment fournies, les chevaux ne mangent généralement pas les porcelles qui sont fréquentes dans les pâtures. Mais en cas de disette (de nombreux cas d’intoxication ont été décrits durant la sécheresse de 2003), ils peuvent s’en nourrir, et certains individus y prennent goût.

Que faire en cas d'intoxication de son cheval ?

En conclusion de ces deux articles sur les plantes toxiques chez les chevaux (nous en avons décrites 6 sur plus de 200 substances pouvant être incriminées, mais les majeures), en cas de suspicion d’intoxication, il faut s’adresser aux CNITV (Centres Nationaux d’Information Toxicologique Vétérinaires) qui répertorient les cas et informent sur les traitements. Vous trouverez la liste sur le site de l’Ordre Vétérinaire.

Dr Aude Lhérété, vétérinaire et rédactrice