Nos chats sont malheureusement parfois atteints de maladies cardiaques, comme nous. Quels sont les maladies qui touchent le cœur des chats ? Les maladies cardiaques du chat sont-elles identiques à celles connues chez le chien ? Comment faire pour savoir si votre chat a une maladie cardiaque ? Quels sont les traitements utilisés pour soigner la maladie cardiaque de votre chat ?

Qu’est-ce qu’une maladie cardiaque chez le chat ?

Chez le chat les maladies cardiaques sont des maladies cardiovasculaires différentes de celles qui atteignent le chien : pour 95% d’entre eux, ce sont principalement des maladies du muscle cardiaque, alors que chez le chien, ce seront surtout des atteintes des valvules.
En effet dans le cœur des animaux chiens et chats, comme dans le nôtre, le sang circule dans des cavités sous l’impulsion du muscle qui constitue le cœur et le passage d’une cavité à l’autre (ventricules et oreillettes) se fait au travers d’une valvule, empêchant généralement le retour en arrière du flux sanguin.

Chez le chat c’est souvent le muscle qui ne fonctionne plus correctement : on parle de myocardiopathies. Et pour 70% des chats atteints il s’agit d’une myocardiopathie hypertrophique : en effet, le muscle devient plus épais et ne laisse que peu de place au sang pour circuler.  

A quoi est due la myocardiopathie hypertrophique (MCH) du chat ?

Les myocardiopathies hypertrophiques félines sont dites :

  • Primaires ou primitives, c’est-à-dire d’origine génétique ou inconnue (dite idiopathique).
  • Secondaires à une maladie comme l’hyperthyroïdie (chez les vieux chats après 10 ans généralement), ou lors d’hypertension artérielle…

Elle peut se déclarer chez tous les chats, à partir de 3 à 6 mois, et donc elle n’est pas à craindre seulement chez les vieux chats ; mais elle peut également rester inapparente pendant plusieurs années et apparaître brutalement.

Certaines races de chats sont plus atteintes que d’autres par la myocardiopathie hypertrophique (MCH) :

En effet, il existe des races de chats très prédisposés à la MCH, ce sont les Persans, les Sphinx, les Main Coon, les Ragdolls, les Brittish Shorthair, les Scottish fold, les chats des forêts Norvégiennes et les Turcs Van. 

Parmi elles, deux races disposent d’un test génétique qui permet de déceler (voir plus bas) si votre animal est prédisposé ou pas : ce sont les Main Coon et les Ragdolls.
Seulement pour eux, un test ADN évalue la possibilité de développer la maladie en étudiant le gène impliqué (il s’agit du gène MYBPC3 qui code pour la protéine C du sarcomère, c’est-à-dire l’unité de base du muscle strié, se liant à la myosine).

Il semble aujourd’hui que ce soit les chats européens les plus touchés par la CMH, les éleveurs des races prédisposés ayant fait une sélection efficace pour éviter de propager le gène impliqué.

Une anesthésie ou un stress intense (voyage etc.) peuvent aussi être des facteurs révélateurs de la CMH. 

Comment suspecter une myocardiopathie (ou cardiomyopathie) hypertrophique chez votre chat ?

Cette maladie atteint le jeune chat adulte. Elle peut apparaître chez le jeune chat entre l’âge l’âge de 3 à 6 mois (forme juvénile), mais elle est plutôt décelée chez un chat d’âge moyen.

Si l’impact de l’épaississement du muscle cardiaque est léger, votre chat peut rester asymptomatique toute sa vie. La maladie peut alors être découverte à l’auscultation en présence d’un souffle cardiaque, d’arythmies, ou encore du test ADN pour un Main Coon ou un Ragdoll.

Si l’hypertrophie est sévère, le cœur aura plus de mal à fonctionner et le ventricule gauche notamment aura plus de mal à se dilater, provoquant des conséquences comme un œdème pulmonaire (crépitements à l’auscultation) ou même un épanchement pleural, des arythmies, des syncopes, ou encore une thrombo-embolie artérielle (avec un caillot qui bouche certaines artères) se traduisant par une paralysie soudaine d’un ou plusieurs membres : ce membre devient froid et flasque, et les coussinets sont plus pâles qu’à l’ordinaire.

les maladies cardiaques du chat Lorsque la maladie évolue dans le temps, des modifications de la paroi musculaire peuvent se produire (petits infarctus et amincissement local). 

Les signes cliniques d’une MCH sévère sont les changements de fréquence respiratoire (augmentation) avec la présence d’une éventuelle dyspnée (difficultés à respirer et respiration discordante).
A l’auscultation, il est possible d’entendre un souffle (souffle cardiaque systolique apexien gauche et/ou un bruit de galop), mais celui-ci n’est pas présent pour toutes les myocardiopathies hypertrophiques, de la même façon qu’une myocardiopathie hypertrophique n’est pas systématiquement présente si l’on entend un souffle cardiaque en auscultant un chat.

Des vomissements, une baisse d’appétit voire une dysorexie (fluctuation de l’appétit) ou une anorexie (arrêt de la prise alimentaire) peuvent s’observer également.

Comment diagnostiquer une myocardiopathie (ou cardiomyopathie) hypertrophique chez votre chat ?

Votre vétérinaire va suspecter la cardiomyopathie hypertrophique de votre chat à l’occasion d’une consultation de routine ou si vous venez consulter pour l’un des signes ci -dessus. 

Le diagnostic sera fait par une confirmation au moyen d’une échocardiographie, qui est l’examen de choix pour confirmer l’atteinte du muscle cardiaque. C’est un examen non invasif qui va préciser (en mode Doppler couleur et plus récemment avec le Doppler tissulaire) le flux sanguin et les mouvements du muscle et donc également permettre de suivre l’évolution de la maladie en mesurant notamment l’épaisseur du muscle cardiaque.

Pour les chats de race Ragdoll ou Main Coon, un test génétique est disponible (laboratoire Antagène) : le prélèvement est réalisé au moyen d’un prélèvement de cellules par frottis buccal.
Cependant un chat dont le test ADN de dépistage est négatif n’est pas protégé d’une autre atteinte de MCH héréditaire (due à une autre mutation du gène) ni d’une atteinte de MCH acquise (c’est-à-dire secondaire à une maladie). Dans ce cas, le vétérinaire doit en outre confirmer à l’échographie l’existence de la maladie versus un stade asymptomatique en cas de test positif.  

Comment soigner une myocardiopathie (ou cardiomyopathie) hypertrophique chez votre chat ?

Si la CMH est asymptomatique, elle ne nécessite pas de traitement nécessairement.

En revanche, il est indispensable de traiter dès que les premiers signes sont détectés. On utilise alors des médicaments en fonction des signes, en général des inhibiteurs calciques (Diltiazem) ou des bétabloquants (propranolol, aténolol) et en cas d’insuffisance cardiaque congestive des diurétiques (furosémide, spironolactone) ou des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ou IECA (comme l’enalapril, le benazepril ou imidapril).

Ces traitements sont des traitements palliatifs, ils ne guérissent pas l’animal mais permettent un confort de vie très acceptable. Ces médicaments sont donnés sur le long terme, il est indispensable de bien respecter leur administration en continu, même si votre chat est peu coopératif, car, attention, leur arrêt peut fortement aggraver son état. En effet, même si les signes ont disparu, la maladie peut réapparaître, et plus importante qu’au départ…

De quelles autres maladies cardiaques peut souffrir votre chat ?

Dans 5% des cas, les cardiopathies du chat ne sont pas des CMH, mais d’autres maladies du cœur comme des communications interventriculaires, des malformations des valvules (dysplasie tricuspidienne) que l’on peut parfois guérir (par des techniques de pointe).