Les courbatures ne sont pas l’apanage des sportifs humains, tout animal athlète, chiens, chevaux, … peuvent, après un effort intense ou pour lequel ils ne sont pas préparés, ressentir cette désagréable sensation de raideur et de douleur musculaire. Pour bien comprendre, il faut revoir la structure du muscle et son fonctionnement, et faire attention aux épisodes aigus que sont les coups de sang.

Structure d’un muscle

Voici la structure d’un muscle :

On observe les différents niveaux d’organisation :

  • Le muscle entier, enveloppé d’un fascia (enveloppe fibreuse fine, comme une « peau » attaché à l’os par un tendon ;
  • Les « paquets » de fibres musculaires, accompagnés de vaisseaux sanguins sur leur périphérie ;
  • Chaque « paquet » lui-même constitué de fibres musculaires ;
  • Enfin, la fibre elle-même, constituée de myofibrilles ;
  • Et en dernier, la myofibrille, responsable de la contraction musculaire. C’est lorsque que l’ensemble des myofibrilles se contractent de façon concomitante que le muscle se raccourcit en se contractant. Puis lorsqu’elles se relâchent, le muscle peut se rallonger. Ce phénomène de contraction-détente est très consommateur d’énergie.

Le fonctionnement musculaire est donc fondamentalement lié à la capacité du muscle à se contracter puis se relâcher. Ce processus se déroule au niveau des myofibrilles, impliquant de nombreux médiateurs chimiques. Si les capacités du fonctionnement musculaire sont dépassées, on assiste à des dysfonctionnements qui mènent à des microlésions musculaires, d’où au minimum des courbatures, voire des risques de crampes et de coups de sang (= myosite aigue).

Fonctionnement du muscle à l’effort : les filières énergétiques

On distingue 3 types de fonctionnement :

  • Anaérobie alactique ;
  • Anaérobie lactique ;
  • Aérobie. 

Voyons avec un peu plus de précision quelles sont ces trois façons de produire un travail musculaire :

La filière anaérobie alactique :

Elle concerne les efforts très brefs et très intenses, les « sprints », comme par exemple les 1ers sauts d’un parcours ou les 1ères secondes d’une course. Ce processus utilise très rapidement toutes les réserves d’énergie qui sont stockées dans le muscle, en quantité limitée, n’utilise pas d’oxygène, et produit des déchets immédiatement réutilisés ; créatine et phosphates (donc pas d’acide lactique).

La filière anaérobie lactique :

Toujours non consommateur d’oxygène, ce processus est celui des efforts élevés sur un temps court, maximum 2 minutes, les autres réserves de carburant musculaire sont utilisées et cette utilisation produit cette fois ci un déchet très important dans l’apparition de courbatures et autres problèmes musculaires, l’acide lactique.

La filière aérobie :

C’est la filière énergétique des efforts longs, celle qui est essentiellement visée par l’entrainement, elle utilise de l’oxygène et produit des déchets comme l’eau (sudation) et le gaz carbonique (augmentation de la fréquence respiratoire). Cette filière récupère l’énergie des lactates produits dans l’étape précédente.

Les lactates et la lactatémie

L’accumulation de déchets du fonctionnement musculaires, comme les lactates, ou d’autres, sont responsables de courbatures, ou pire, de myosites ou coup de sang.

Pour suivre l’efficacité de l’entrainement, on peut être amené à doser les lactates dans le sang afin de savoir comment le cheval va métaboliser ses réserves énergétiques au cours de l’effort.

On définit un seuil anaérobie (4 mmol/litre de sang) au-delà duquel il ne faut pas aller car la production d’acide lactique dépasse les capacités de réutilisation du cheval.

A ce seuil correspond donc une vitesse maximale, nommée V4, que le cheval peut atteindre sans dépasser le seuil limite de 4 mmol d’acide lactique par litre de sang.
Plus V4 est basse et moins le cheval pourra aller vite sans se faire mal aux muscles, et à l’inverse plus V4 est haute, plus le cheval pourra aller vite sans que son fonctionnement musculaire n’en souffre.

D’autres paramètres sont suivis, comme V2 (Vitesse pour atteindre le seuil aérobie strict de 2 mmol d’acide lactique par litre de sang), et FC4 (fréquence cardiaque au seuil de 4 mmol d’acide lactique par litre de sang, qui doit rester inférieur à 200).

En bref, le suivi des lactates permet de définir un programme d’entraînement permettant de développer la capacité aérobie du cheval, et d’éviter l’accumulation de déchets métaboliques dans les muscles, dont les lactates. Ces déchets sont responsables de fatigue et de courbatures.

Entraînements de concours complet, effort long, visant à améliorer la capacité aérobie des chevaux suivis en lactatémie

Les risques majeurs lors d’un entraînement mal conduit, avec le plus souvent un déséquilibre entre les apports alimentaires et la conduite de l’entraînement sont représentés par le groupe d’affections désignées par le terme « myosites ».

Une myosites (mot construit à partir de myo=muscle, et ite=inflammation), nommée dans le langage courant coup de sang, est une atteinte, parfois bénigne, mais pouvant être très grave, des muscles des chevaux. On peut comparer cet état à des crampes musculaires chez les êtres humains, mais des crampes qui s’étendent à des groupes entiers de muscles, et parfois l’ensemble du corps, c’est dire l’état de souffrance du cheval et son incapacité à se déplacer lorsqu’il est atteint.

Prévention des courbatures

Conduite raisonnée de l’entraînement

C’est le simple bon sens que de mener un entraînement de façon raisonnée et progressive, par paliers, en s’adaptant à la réponse physique du cheval, et à son adaptation à un effort sportif particulier.

C’est l’observation de tous les paramètres : résistance à l’effort, fréquence respiratoire et récupération, fréquence cardiaque, développement musculaire, performances, etc., qui conduira l’adaptation de l’entraînement selon la discipline pratiquée.

Récupération active

De plus en plus pratiquée dans les différents sports, elle consiste à faire exécuter au cheval un exercice d’environ 10 minutes pour lui faire faire un effort aérobie de faible intensité afin de :

  • Lui faire récupérer sa fréquence cardiaque de repos plus rapidement ;
  • Idem pour la fréquence respiratoire ;
  • Faire descendre la température corporelle ;
  • Eliminer l’acide lactique ;
  • Reconstituer des réserves en utilisant des toxines musculaires.

Cette récupération active doit être faite immédiatement après l’effort, et doit correspondre à un effort sportif lors duquel il y a lieu de penser qu’il y a eu production d’acide lactique.

Récupération active à l’arrivée du cross en CCE, au trot rênes longues

En conclusion, rappelons par ailleurs que de nombreux produits offrent des possibilités de supplémentation alimentaire visant à aider le fonctionnement musculaire par un apport d’éléments utiles. C’est le cas des compléments alimentaires utilisant deux antioxydants majeurs que sont la vitamine E et le sélénium.

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