L’HPIE, ou Hémorragie Pulmonaire Induite par l’Exercice, est un problème à connaître quand on a un cheval de sport amené à produire des efforts intenses. Abordons sa définition, des notions d’anatomie, les symptômes, le diagnostic, et la prise en charge.

Qu’est-ce que l’HPIE ou Hémorragie Pulmonaire Induite par l'Exercice chez le cheval ?

Terminologie

Longtemps nommée « Epistaxis du Cheval de Course », cette appellation a été abandonnée. Le terme « Epistaxis » signifie « saignement de nez », donc l’origine de l’hémorragie se situe dans les cavités nasales ou à proximité. Et s’il arrive aux chevaux de saigner du nez, ici ce n’est pas le problème.

On a donc adopté une dénomination bien plus parlante, et décrivant à la fois le phénomène et sa cause : Hémorragie Pulmonaire Induite par l’Exercice, HPIE en français, EIPH en anglais.

Plus couramment, on appelle ces chevaux des « chevaux qui saignent », ou qui « saignent des poumons », ou qui « saignent dans leurs poumons ».

Anatomie du cheval

Anatomie du cheval

Les chevaux ont une très grande capacité respiratoire, et si en l’absence d’effort ils n’utilisent que 20 % de leur volume respiratoire, dès qu’ils font un effort ils sollicitent progressivement l’ensemble de leurs poumons, dont l’intégrité devient essentielle.

Le rôle des poumons est de fournir de l’oxygène à l’ensemble du corps, et de rejeter le gaz carbonique.

C’est le cœur qui envoie le sang vers les poumons, là où ont lieu les échanges gazeux.

Ces échanges gazeux ont lieu tout au fond des poumons, dans les structures terminales, que l’on nomme les alvéoles pulmonaires.

Physiologie du cheval

Vous observez sur ce dessin les alvéoles remplies d’air, et l’immense réseaux de vaisseaux sanguins (les capillaires) qui enveloppe les alvéoles à la paroi si fine qu’elle laisse passer les gaz sanguins, oxygène et gaz carbonique.

Lors d’Hémorragie Pulmonaire Induite par l’Exercice (HPIE) chez le cheval 

Le mécanisme n’est pas encore totalement élucidé et d’autres causes peuvent intervenir, mais il y a un problème de surpression sanguine :

  • Le cœur qui bat à un rythme très élevé en plein effort envoie une quantité importante de sang vers les poumons.
  • Les capillaires gorgés de sang sont en surpression.
  • Il y a une effusion de sang à l’intérieur des alvéoles.
  • D’où hémorragie au fond des poumons, qui remonte parfois jusqu’aux naseaux (moins de 5 % des cas), ceci expliquant l’appellation initiale d’épistaxis.

Voici un dessin indiquant schématiquement le phénomène :

Chevaux "qui saignent" des poumons

Symptômes et Diagnostic de l'hémorragie Pulmonaire Induite par l’Exercice chez le cheval

Si l’hémorragie est importante, le sang peut remonter jusqu’aux naseaux et devenir visible. Ce sont en général deux petits filets de sang assez sombre qui sont observés, comme vous pouvez le voir sur cette photo :

Pour un saignement de nez, on observerait un sang d’une couleur beaucoup plus vive, rouge orangé, en bien plus grande quantité, et d’un seul coté le plus souvent.

Mais il faut savoir que sur l’ensemble des chevaux présentant des HPIE, seuls 5 % ont du sang visible aux naseaux après la course ou l’entrainement intense. Pour 95 % cela ne se voit pas.

Quels sont alors les signent qui doivent y faire penser ?

Le signe majeur est la baisse de performance, les contre-performances, mais aussi : essoufflement, fréquence cardiaque très élevée à l’effort (mesurée avec un cardio-fréquence mètre), prise de sang douteuse au niveau des globules rouges …

Pour objectiver la suspicion diagnostique, le vétérinaire utilise 2 examens :

  • Le lavage bronchoalvéolaire : qui consiste à envoyer un peu d’eau dans les poumons, à la réaspirer, et à étudier les cellules qui s’y trouvent. En particulier les hémosidérophages, cellules qui absorbent les globules rouges.
  • L’endoscopie : tube muni d’une caméra qui permet d’explorer profondément les poumons.

Comment prendre en charge ces chevaux qui font des hémorragies pulmonaires ?

Pour les cas les plus graves, c'est-à-dire, entre autre, les 5% dont le sang apparaît aux naseaux, c’est difficile. Pour les autres, certains n’en seront parfois pas gênés.

Thérapeutique vétérinaire

Des médicaments existent, comme le fameux furosémide (Lasix, ou Lasilix) largement utilisé aux USA, mais interdit en France et en Europe car considéré comme dopant. C’est un diurétique, qui donc provoque chez les chevaux une élimination urinaire permettant de diminuer la charge liquide du volume sanguin dans les poumons (on dit diminuer la volémie).

D’autres médicaments sont indiqués, comme les bronchodilatateurs, mais tous interdits au contrôle anti-doping, donc inutilisables en compétition.

Strip nasaux

Une des causes de l’HPIE est également la résistance à l’air opposée par les naseaux. Un cheval ne respire pas par la bouche. Ces strip posés sur les naseaux permettent de les maintenir grands ouverts afin d’opposer le moins d’obstacle possible au passage de l’air.

Diète hydrique : couper l’eau

 

C’est possible mais A UNE SEULE CONDITION : QUE LES CHEVAUX AIENT DU FOIN A VOLONTE TOUS LES JOURS

Voici les raisons :

  • Avec du foin à volonté les chevaux se font une réserve d’eau dans le caecum (un des gros compartiment digestif).
  • On coupe l’eau 12 à 16 heures avant la course (ou un entrainement intense).
  • Le cheval n’est pas déshydraté car il récupère l’eau dont il a besoin dans son caecum.
  • Il y a une diminution du volume d’eau dans le sang qui améliore l’HPIE.

Compléments à base de bioflavonoïdes

Antioxydants naturels contenus dans de nombreux végétaux, ils ont un effet bénéfique sur la circulation sanguine, et peuvent apporter un soutien intéressant. Par exemple : GREENPEX STOP BLOOD.

Hygiène respiratoire

Il est bien évident que toutes les mesures d’hygiène respiratoire doivent être respectées, nous ne redirons jamais assez que les chevaux sont fragiles sur le plan respiratoire, et que les problèmes respiratoires sont la 1ère causes de contre-performances.

Ainsi il faut veiller à :

  • La ventilation du box.
  • Que le cheval puisse mettre la tête dehors.
  • Que le cheval sorte souvent du box.
  • L’absence de poussière (litière et foin), de moisissures, etc.

Réforme

Certains de ces chevaux ne pourront pas suivre de carrière sportive à cause de ce problème. Il faudra alors trouver une reconversion dans une autre activité où l’effort sera moins intense.

L’HPIE est plus fréquente dans les disciplines de Courses (Galop et Trot) et en Concours Complet.

En conclusion, l’HPIE est un des problèmes respiratoires auquel tout propriétaire de cheval de sport intense peut être confronté. Il faut, pour ces chevaux, chercher d’autres problèmes associés (Asthme Equin en particulier).

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