​Une thèse de doctorat, soutenue à l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort fin 2019, présente une étude très approfondie du « syndrome du chat parachutiste », à partir de l’analyse rétrospective des dossiers de 488 chats admis au Centre Hospitalier Universitaire d’Alfort entre juillet 2014 et septembre 2018.

Après avoir défini le syndrome dit du « chat parachutiste », nous ferons une synthèse de cette étude en étudiant plus particulièrement les caractéristiques de ces chats, les liens entre la hauteur de chute et le nombre de lésions, les pathologies induites les plus fréquentes et quelques solutions pour éviter les chutes de votre chat.

Qu'est-ce qu'un chat parachutiste ?

En médecine vétérinaire, le syndrome dit du chat parachutiste, désigne les lésions dues à une chute d’une grande hauteur (fenêtre, balcon, terrasse, toit…).

Un chat adulte prend très vite la mesure du danger lorsqu’il se trouve à une hauteur de plusieurs mètres.

Il est alors pris d’une sorte de vertige et cherche à tout prix à éviter la chute. La perception de la hauteur ainsi que la peur du vide sont innées chez le chat. On le remarque souvent chez des chatons de 3 mois qui, ayant grimpé trop haut dans un arbre, paniquent et miaulent en ayant peur de descendre.

Le déroulement de la chute

Le chat a la faculté de se redresser lorsqu’il tombe pour être prêt à se réceptionner au sol. Redressement de la tête, du train avant puis du corps et enfin du train arrière. Lors de la réception, le chat a la tête et la queue redressées et les pattes étendues pour amortir la chute. Le redressement s’effectue donc en trois phases, redressement, vol plané et réception, qui ne peuvent se dérouler qu’à partir d’une hauteur d’au moins deux étages, l’amortissement n’étant possible que jusqu’à cinq étages. Au-delà, le chat se retourne mais adopte la position de la feuille morte et ne se reçoit plus sur ses pattes.

Les systèmes mis en jeu

La vision et le système vestibulaire de l’équilibre permettent au chat de se redresser au moment de la chute. L’un des deux systèmes doit être totalement opérationnel pour lui permettre cette manœuvre. Si les deux sont perturbés (problème d’oreille et de vision), le phénomène de redressement ne se fera pas correctement.

Les causes de la chute

Un chat peut tomber d’une fenêtre ou d’un balcon pour deux raisons essentielles :

  • Par maladresse : Par exemple, lorsqu’un chat a mal évalué la distance pour sauter d’un balcon à un autre, ou lorsque le rebord de la fenêtre est mouillé.
  • Par inconscience : Par exemple, un chat qui, suivant son instinct primitif de chasseur, aurait voulu attraper un oiseau malgré les risques de chute, ou un chat peureux, qui, ayant paniqué à la suite d’une raison quelconque, aurait sauté dans le vide.

Quelles sont les caractéristiques du chat parachutiste ?

L’âge

Le syndrome du chat parachutisteL’étude réalisée à l’occasion de cette thèse confirme que les chats qui se défenestrent le plus souvent sont jeunes : 38,8% ont moins d’un an et la médiane se situe à 14 mois. La moyenne est à 2,8 ans, même si deux des chats de l’étude ont 18 et 19 ans.

Le sexe

Il s’agit majoritairement de chats mâles (environ 61%).

Les proportions d’animaux stérilisés sont comparables parmi les mâles et les femelles.

La saison

Les chutes surviennent durant les mois les plus cléments de l’année, au printemps et en été : 46,8% des chutes surviennent de mai à juillet.

La hauteur de la chute

La hauteur de chute la plus fréquente est celle du 4ème étage, dans 25,2% des cas, même si l’un des chats était tombé du 14ème étage. Cela correspond, en Europe, à environ 10,8 mètres de haut.

La vitesse de la chute

La vitesse de chute maximale enregistrée lors de la chute d’un chat est de 27 mètres par seconde ! Cette vitesse est obtenue par une chute du 5ème étage et plus. 

Quelles sont les lésions observées chez le chat parachutiste ?

Thorax plus qu’abdomen

Dans l’étude réalisée, il apparaît que 64,6% chats, pour lesquels un bilan radiographique a été effectué, présentent majoritairement des lésions thoraciques : des poumons dans 68,5%, du médiastin dans 19,7% et de la plèvre dans 11,8% des cas.

Les lésions abdominales n’ont concerné que 12,1% des 390 chats ayant eu ce bilan : épanchement dans 56% des cas, et hématome vésical pour 26%.

Les lésions neurologiques sont presque aussi fréquentes (10,5% des 476 chats avec ce bilan) et sont liées aux traumatismes de la moelle épinière (57%), du crâne (32%), ou des nerfs périphériques (9%).

Un chat sur deux sans fracture

Sur les 448 chats ayant fait l’objet d’un bilan ostéo-articulaire, près de la moitié (44,9%) ne présentaient aucune lésion, même si la hauteur de chute est de 4 étages.

Chez les chats restants, 82% présentaient une fracture (dont 7,1% de fractures ouvertes), 17% une luxation et dans 1% des cas, une rupture des ligaments croisés. Les fractures concernent en proportions comparables les membres antérieurs (52%) ou postérieurs (48%).

Dans 1/3 des cas, on note une fracture de la mâchoire.​

Quelles sont les lésions en fonction de la hauteur de la chute ?

Entre le 1er et le 2e étage

Le chat n’a pas eu le temps de se redresser et des lésions neurologiques surviennent principalement pour des chutes de faibles hauteurs : lésions de la colonne vertébrale, du bassin et de la face.

Entre le 3e et le 5e étage

Les lésions de l’appareil respiratoire (pneumothorax) sont principalement retrouvées pour des hauteurs de chutes moyennes. Les fractures concernent plutôt les membres et la face.

Au delà du 6e étage

Les lésions sont surtout thoraciques et abdominales. 

Quel est le pronostic vital des chats parachutistes ?

Le syndrome du chat parachutisteDans la grande majorité (88%), les chats survivent à leur chute.

La plupart des décès en hospitalisation surviennent dans les deux premiers jours après la chute. Ce point conforte la nécessité d’hospitaliser un chat parachutiste pendant un à deux jours afin de le placer sous surveillance et d’être en capacité de réagir au mieux face à tout phénomène de décompensation. Pour les auteurs, la durée moyenne d’hospitalisation a été de 3,7 jours.

Au-delà de 24 à 48 heures, si le chat n’est pas décédé, le taux de survie est d’environ 90%.

Quelles sont les mesures à prendre pour éviter les chutes du chat ?

  1. La stérilisation de votre chat va limiter son désir de s’échapper pour assouvir ses besoins.
  2. Des mesures simples sont à adopter pour éviter les chutes de votre chat :
    • Fermez les fenêtres quand vous partez.
    • Ne laissez pas les fenêtres grandes ouvertes sans surveillance, mettez-les plutôt en oscillo-battant AVEC une protection latérale (sans protection, les fenêtres oscillo-battantes sont dangereuses car elles peuvent prendre les chats au piège au niveau de leur arrière-train.)
    • Ne laissez pas votre chat sans surveillance sur le balcon et évitez de mettre des meubles près de la rambarde qui pourrait l’inciter à monter dessus.
    • Utilisez un filet de protection autour de votre balcon et de la rambarde si les interstices sont plus larges que votre chat. Évitez de mettre des canisses ou bambous qui obstruent la vision de votre chat : il a besoin de pouvoir observer ce qui se passe. Il existe aussi des protections de balcon transparentes.
    • Quand vous jouez avec votre chat avec des petites balles ou objets que vous lancez, fermez les fenêtres.

« Le chat parachutiste : bilan lésionnel et clinique – étude rétrospective portant sur 488 chats. » Thèse vétérinaire, ENVA, de N.DETABLE, 2019, 80 p. Manuscrit en libre accès.

Dr Christian Jouaneau, vétérinaire et rédacteur