​Le tarissement chez la vache laitière est la période durant laquelle la sécrétion de lait s’interrompt. Elle s’étend de 45 à 60 jours avant la mise-bas. C’est une phase-clé dans le cycle de production, durant laquelle la vache finit sa gestation et la mamelle est au repos et se prépare à la future lactation.

Cette période va déterminer le bon démarrage de la lactation suivante, et l’alimentation des vaches taries est un point essentiel dans la prévention des troubles (métaboliques ou non) en post-partum.

Comment bien tarir les vaches laitières ?

Quinze jours avant le jour du tarissement, les concentrés doivent être diminués, et être supprimés les 3 ou 4 derniers jours de lactation. Il faut éviter une diète de fourrage ou d’eau, qui stresse beaucoup la vache et qui peut entraîner un amaigrissement non négligeable. On peut également passer à une seule traite par jour pour les vaches à plus de 15 L de lait par jour.​

​Les deux phases du tarissement de la vache ​

Le tarissement peut être séparée en 2 phases :

1ère phase : le début du tarissement.
​Il commence le jour du tarissement et s’étend jusqu’à 21 jours avant vêlage.

Plusieurs objectifs sont à atteindre durant cette phase :

  • La vache ne doit ni s’engraisser ni maigrir. Sa Note d’Etat Corporel (NEC) doit être idéalement de 3,25 à 3,75 à l’entrée au tarissement et se maintenir ainsi jusqu’au vêlage (c’est plutôt dans les 2 derniers mois de lactation que la NEC doit être corrigée). Si une vache est tarie trop grasse, elle ne doit pas perdre d’état sous peine d’être pénalisée, par une diminution plus précoce et plus importante de sa capacité d’ingestion en fin de tarissement. Il y a une exception : si une vache est tarie trop maigre (NEC < 3), une reprise de 0,5 point de NEC est possible (ce qui correspond à une trentaine de kg sur 60 jours).
  • La ration alimentaire doit être peu énergétique et assez encombrante (en pratique : riche en fibre et pauvre en glucides type amidon). La quantité de matière sèche ingérée quotidiennement doit être entre 12 et 14 kg (environ 2% du poids vif de l’animal). Cela permet de maintenir un bon volume du rumen, indispensable à une reprise d’appétit précoce après le vêlage. Un fourrage moyen à 0.7 UFL/kg de matière sèche, distribué à volonté, convient pour satisfaire les besoins énergétiques.
  • Les apports en calcium et phosphore doivent être limités.

​Pour maximiser l’ingestion de cette ration, il faut être vigilant sur trois phénomènes :

  • Le stress, dû au changement brutal d’alimentation lors du tarissement, limitant l’ingestion. Il est donc préférable d’utiliser des fourrages identiques à ceux distribués en fin de lactation.
  • Le tri de la ration. En effet, pour réduire les apports énergétiques, il sera important d’associer ce fourrage à de la paille ou du foin de qualité moyenne. Or, l’appétence étant diminuée, les vaches auront tendance à trier. Pour limiter ce phénomène, la paille ou le foin coupés court seront à bien mélanger au fourrage principal.
  • La compétition entre vaches. Il est important de réduire au maximum l’impact de cette compétition en zone de couchage, à l’auge et aux points d’eau, en offrant plus d’espace aux vaches taries.

2ème phase : La période de transition, durant les 3 dernières semaines de gestation.

C’est la phase déterminante pour la préparation de la lactation et pour la prévention des maladies métaboliques. Cette ration doit être plus énergétique (0.9 UFL/kg de matière sèche) et proche de celle des vaches en lactation.

  • Pour permettre une efficacité de la flore bactérienne du rumen dès le vêlage, les fourrages et concentrés de la ration des vaches en lactation doivent être réintroduits progressivement dans les trois semaines auparavant. En effet, avec l’arrêt de l’ingestion d’amidon durant la première phase, le profil de la flore microbienne du rumen s’est modifié et il faut au moins 3 semaines pour retrouver les différentes populations de bactéries permettant la meilleure dégradation possible de la ration.
  • Durant le début du tarissement, la taille des papilles ruminales, responsables, entre autres, de l’absorption des acides gras dans le rumen, peuvent diminuer jusqu’à 50 %. C’est la distribution d’amidon (contenu dans l’ensilage de maïs ou dans les concentrés) qui permettra la croissance de ces papilles jusqu’à leur maximum 1 ou 2 semaines après vêlage.

Papilles ruminalesPapilles ruminales​

  • La capacité d’ingestion diminue durant cette 2e phase, cela étant dû à la place toujours plus grande prise par l’utérus dans le dernier mois de gestation, comprimant le rumen. Les jours précédant le vêlage, cette capacité d’ingestion diminue de 30 à 35 %, une vache de 650 kg ne consomme alors plus qu’environ 9 kg de matière sèche. On voit bien l’intérêt d’avoir une ration la plus encombrante possible en 1ère phase, pour limiter l’impact de cette baisse d’ingestion ; en effet, plus une vache mange les jours avant vêlage, plus la transition vers la ration de vache en lactation se passera bien et plus on réduit les problèmes métaboliques post-partum.
  • Pour limiter l’hypocalcémie péripartum (quasiment systématique), l’apport en calcium doit être le plus limité possible et le Bilan Alimentaire Cation-Anion doit être nul ou légèrement négatif (ne pas distribuer de foin de luzerne ni d’ensilage ou d’enrubannage d’herbe) (voir le billet sur « La fièvre de lait chez la vache laitière »).
  • Le système immunitaire est bien moins fonctionnel dans les 4 semaines entourant le vêlage, la vache est donc plus sensible aux infections (principalement les mammites d’environnement). Il faut donc renforcer au maximum cette immunité (via le système antioxydant) en complémentant les animaux en oligo-éléments et vitamines : zinc, sélénium, vitamines A, C et E, cuivre, manganèse, fer (d’autant qu’il y a une exportation de ces éléments et molécules dans la mamelle pour l’élaboration du colostrum). On peut donc réaliser une ou plusieurs injections de vitamine A, D3 et E durant le tarissement (mais apports incomplets), distribuer un complément oligo-vitaminique dans la ration sous forme de semoulette ou administrer un bolus en début de tarissement pour simplifier cette complémentation.

​Quelle durée du tarissement de la vache ?​

Une vache qui finit sa première lactation nécessite un tarissement long de 7 à 8 semaines, qui permettra une augmentation des cellules productrices de lait et donc une production accrue pour le reste de sa vie.

Un tarissement court de 5 à 6 semaines est suffisant pour une multipare, mais uniquement pour les animaux en mesure de produire du lait en quantité non négligeable jusqu’à cette date (dans le cas contraire, il est préférable d’opter pour un tarissement conventionnel de 8 semaines).

Lors d’un tarissement long, les 2 phases alimentaires décrites plus haut sont à privilégiées. Mais lors d’un tarissement court, comme le rumen a besoin de 3 à 4 semaines pour être totalement adapté à la nouvelle ration, il est conseillé de ne pas passer par la ration de la 1ère phase et de distribuer, directement en début de tarissement, une ration de transition, s’approchant de la ration des vaches en lactation.

Le tarissement est une période charnière dans le cycle de production et de reproduction de la vache laitière. Un tarissement bien mené contribue à assurer un vêlage sans problème, un colostrum de bonne qualité et donc un veau en bonne santé, et un début de lactation sans pathologie métabolique telles que fièvre de lait ou cétose. Cette dernière, due à un déficit en énergie, peut être très pénalisante et avoir de nombreuses conséquences pathologiques (dilatation +/- déplacement de caillette, non délivrance, métrite, etc).

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