Si ce n’est pas déjà fait, c’est le moment de vermifuger. En effet l’automne est là, et comme à chaque changement de saison, c'est-à-dire en moyenne 4 fois par an, il faut traiter vos chevaux pour les débarrasser de leurs parasites digestifs afin de leur permettre de passer un bon hiver. Les deux vermifugations les plus importantes sont celle du printemps (mise au pré) et celle de l’automne (fermeture des prés).

Quels sont les vers parasites digestifs des chevaux ?

Ils sont nombreux et variés, mais tous ont des capacités de survie et de prolifération impressionnantes.

Parmi les plus fréquents ont peut citer :

Petits Strongles, ou « Cyathostomes »

Petits Strongles ou Cyathostomes (C HelèneRalda)

Vers ronds à la couleur rouge caractéristique, ce sont les plus pathogènes chez les chevaux, qui s’infestent au pré.
Les vers adultes vivent dans le tube digestif, et pondent des œufs qui sont excrétés dans les crottins.
Une fois à l’extérieur du corps de chevaux, ces œufs vont évoluer, passer par différents stades larvaires, et ce sont les larves que le cheval va ingérer en mangeant le brin d’herbe auquel elles sont accrochées.

Une fois réintégrées à l’intérieur du corps du cheval, elles peuvent traverser la paroi intestinale (et donc migrer à travers d’autres organes en y faisant des dégâts), ou, et c’est la grande caractéristique de ces vers, s’enkyster dans la paroi et attendre des conditions favorables pour en sortir. C’est ce qu’on appelle « hypobiose larvaire », surtout l’hiver, et le problème est que dans ces conditions de protection pour leur survie, elles sont inaccessibles aux vermifuges.
La vermifugation d’automne est très importante pour éliminer ces vers et éviter l’hypobiose larvaire de l’hiver qui va suivre.

Le parasitisme par les petits strongles pose de réels problèmes de santé : affaiblissement, méforme, amaigrissement, parfois diarrhées et coliques, risques d’entérotoxémie, ….
A ce problème d’enkystement des larves dans la paroi des intestins, s’ajoute celui d’une résistance aux vermifuges pour certains individus, qui vont donc pouvoir malgré tout proliférer.

Les Grands Strongles

Grands Strongles (le plus fréquent est Strongylus vulgaris), C ESCCAP

Vers ronds, dont les adultes vivent dans la lumière intestinale. Les larves peuvent migrer dans tout le corps, comme beaucoup de vers. Ces larves de grands strongles ont la caractéristique de pouvoir migrer dans les grosses artères, et de fragiliser leur paroi, formant alors une lésion nommée « anévrisme vermineux ». C’est une lésion très grave, car certains chevaux peuvent mourir brutalement de rupture de l’anévrisme, parfois des années plus tard.
On retrouve aussi, sur le plan clinique, suite à l’infestation, les symptômes digestifs et généraux des autres vers : amaigrissement, perte d’état, diarrhées, coliques, …
Le diagnostic spécifique passe généralement par le comptage des œufs dans les crottins, et le traitement par la vermifugation raisonnée avec votre vétérinaire, ainsi que la gestion de l’environnement.

Les Ascaris

Infestation vermineuse impressionnante dans l’intestin grêle d’un poulain par des Ascaris (C A. Meana)

Particulièrement rencontrés chez les poulains et les jeunes, ces vers ont d’énormes capacités de prolifération et de survie : 1 femelle pond 200 000 œufs par jour, donc un poulain parasité peut répandre avec ses crottins 50 Millions d’œufs par jour, et ces œufs peuvent résister pendant 2 à 3 ans.
Les chevaux s’infeste en ingérant des œufs qui contiennent des larves, et ces œufs peuvent survivre jusqu’à 3 ans dans le milieu extérieur, en résistant aux pires conditions météo.
Les risques pour la santé sont importants, en dehors de ceux classiquement rencontrés pour tous les parasites digestifs, on peut aussi évoquer les occlusions intestinales des poulains par des « pelotes » de vers entremêlés, comme sur la photo ci-dessus.
Pour ces vers, des résistances aux vermifuges, notamment aux benzimidazoles (Panacur) ont été citées, il est donc important de raisonner la politique de vermifugation avec votre vétérinaire, et de gérer l’environnement par le retrait des crottins (et surtout pas l’épandage et l’étalement des crottins).

Autres vers

On rencontre bien d’autres vers dans le tube digestif des chevaux, comme les vers plats (famille des ténias) accrochés dans le caecum (une partie du gros intestin), ou encore les gastérophiles, larves de mouches fixées sur la paroi de l’estomac.

Quelles sont les conséquences du parasitisme digestif chez les chevaux ?

Conséquences digestives

Les vers adultes vivent dans la lumière du tube digestif. Ils s’y nourrissent, en spoliant l’animal hôte d’une partie de ses nutriments, et en provoquant localement des érosions, des plaies, des ulcérations.

Toutes ces actions néfastes vont avoir des conséquences :

  • Amaigrissement, difficulté à prendre de l’état ; 
  • Maldigestion, risques de diarrhée ;
  • Spasmes digestifs, risques d’occlusion et de coliques.

Conséquences générales

En plus des effets locaux dans le tube digestif, les larves de ces vers sont souvent capables de traverser la barrière intestinale et de migrer dans le corps afin de se nourrir et de croitre. Au passage elles font des dégâts, créant des plaies, provoquant des inflammations et des infections sur leur trajet. Ainsi, leur passage dans le foie ou les poumons par exemple peuvent abimer ces organes et avoir des conséquences graves.

Quel est le traitement du parasitisme digestif chez les chevaux ?

Le traitement direct consiste en l’administration d’un médicament vétérinaire que l’on nomme vermifuge.
Il existe différents vermifuges, ayant des actions parfois différentes, c'est-à-dire plus ou moins actifs selon de type de vers visés.

Bien que nous ayons l’impression qu’il existe de multiples vermifuges, car de nombreux laboratoires utilisent les mêmes molécules, en réalité nous n’avons que peu de principes actifs différents :

Les lactones macrocycliques :

Deux molécules différentes sont disponibles :

  • L’ivermectine ;
  • La moxidectine.

Les benzimidazoles :

  • Le fenbendazole.

Autres :

  • Le praziquantel (produit spécifique pour les ténias, molécule souvent associée à une autre dans les forme dites « duo ») ;
  • Le pyrantel.

Aussi, si l’on entend souvent dire qu’il est bon de changer de molécule à chaque vermifugation, en pratique on utilise le plus souvent les lactones macrocycliques, au spectre d’action large, et en réservant les autres aux cas particuliers.

Il faut aborder ici le problème des résistances aux vermifuges : en effet, à force d’utiliser certaines molécules, les vers finissent par devenir résistants. Il faut donc faire un plan de vermifugation raisonnée avec votre vétérinaire, afin d’utiliser les vermifuges à bon escient, ni trop, ni trop peu.

Une fois décidé du vermifuge, c’est généralement à vous de l’administrer. Et là, ne pas faire d’erreur, il faut s’y prendre correctement afin que le cheval ingère bien la totalité de sa dose.

Voici la méthode :

Vider la bouche du cheval en manipulant la langue afin qu’il recrache ce qu’il a dans la bouche et s’habitue à la manipulation.

Insérer la seringue à la commissure des lèvres en visant le milieu de la langue

Soulever la tête pour injecter le produit

Tenir la tête vers le haut et la bouche fermée jusqu’à ce qu’il ait tout avalé

Quelle est la prévention du parasitisme digestif chez les chevaux ?

Pour comprendre la prévention, il faut avant tout comprendre que pour qu’un cheval soit parasité, il faut qu’il se soit infesté. Il faut donc qu’il ait ingéré, dans sont environnement, des larves ou des œufs de parasites.

Or, qu’est ce qui transporte les œufs de parasites ? Les crottins.

La prévention passe donc par une gestion de l’environnement, et elle est particulièrement axée sur l’élimination des crottins au fur et à mesure.

Parmi les actions à mener, nous pouvons citer :

  • Cures régulières des box ;
  • Ramassage des crottins dans les paddocks ;
  • Traitement des paddocks à la chaux une fois par an ;
  • Eviter de mettre les chevaux au paddock dans les 48 h suivant une vermifugation ;
  • Vermifuger les nouveaux chevaux avant de les mettre au paddock ;
  • Eviter d’épandre le fumier de cheval dans les prairies où vont pâturer des chevaux.

En conclusion, la lutte contre le parasitisme digestif chez les chevaux est un travail continu et régulier, les vermifuges n’éliminent jamais 100 pour 100 des vers. Il faut agir à 2 niveaux : le cheval lui-même, par une vermifugation raisonnée avec votre vétérinaire (si besoin par des examens des crottins), et son environnement, afin qu’il ne se réinfeste pas immédiatement.

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