Qu'est-ce que la KCIB ?

​La Keratoconjonctivite Infectieuse Bovine (KCIB) est une inflammation de la cornée (couche externe transparente de l’œil) et de la conjonctive (fine couche cellulaire qui recouvre la sclère de l’œil (« le blanc » de l’œil) et l’intérieur des paupières) des yeux des bovins. Plus précisément, c’est une toxi-infection oculaire, c’est-à-dire que cette inflammation est due à la prolifération de la bactérie Moraxella bovis mais surtout à l’action pathogène de toxines libérées par cette bactérie.

Elle est plus fréquente en période estivale car les mouches sont le vecteur mécanique de l’infection (ce sont elles qui viennent « déposer » les bactéries sur l’œil du bovin).

Cette maladie est le plus souvent relativement bénigne, mais elle peut être responsable chez les jeunes d’un retard de croissance marqué du fait de la douleur. Chez les adultes, on peut observer une chute de production laitière pouvant aller jusqu’à 25 % du fait, là aussi, de la douleur marquée.

Quels sont les facteurs de risque de la KCIB ?

La morbidité (taux d’animaux atteints au sein du troupeau) est élevée et peut atteindre 80%.

Plusieurs facteurs entrent en jeu :

  • les insectes jouent le rôle de vecteurs mécaniques principaux ;
  • le vent est un autre vecteur et permet le transport des bactéries ;
  • les carences en vitamine A ;
  • les traumatismes oculaires ;
  • le parasitisme, notamment certains vers oculaires comme Thelazia, qui favorisent l’implantation des germes et leur multiplication par irritation de la muqueuse oculaire.

Tous ces facteurs augmentent la réceptivité des individus à la bactérie. Cette réceptivité est aussi fonction de l’âge, cette affection touche surtout les animaux de moins de 2 ans naïfs (n’ayant jamais été en contact avec le germe). En effet, une immunité se met ensuite en place par la suite. Cependant, on peut aussi observer la Keratoconjonctivite Infectieuse Bovine chez des animaux plus âgés n’ayant pas mis en place d’immunité.

Quel est l’agent responsable de la Keratoconjonctive infectieuse ?

Moraxella bovis possède une très faible résistance dans le milieu extérieur (survit moins de 24h dans le milieu extérieur et ne se développe pas en dessous de 15°C). En revanche, elle peut résister jusqu’à 4 jours sur les pattes et les ailes des mouches, c’est pour cela que les insectes jouent un rôle primordial dans la transmission de la bactérie.

Il est à noter également qu’il existe de nombreux animaux porteurs sains.

Quels sont les symptômes de la KCIB ?

Moraxella bovis​ synthétise une toxine à l’origine des lésions initiales, à savoir la destruction des muqueuses par irritation et nécrose. Cela permet ensuite à d’autres bactéries, non pathogènes en conditions normales, d’exercer leur pouvoir pathogène et d’aggraver la pathologie.

L’incubation est de 2 à 3 jours et l’affection est assez sournoise. On observe une douleur tellement intense que les animaux réagissent de manière très vive lorsqu’on les touche. Cela correspond au moment où la toxine agit, on n’observe pas encore d’écoulements.

Puis l’évolution se fait en 2 phases :

  1. La phase de conjonctivite avec une blépharite (inflammation des paupières) et une photophobie (sensibilité voire intolérance à la lumière).
  2. La phase de kératite (inflammation de la cornée) apparait 2 à 4 jours après la conjonctivite : on note une opacification de la cornée. Le liquide lacrymal devient purulent et est abondant. Cette inflammation laisse rapidement place à une abcédation. L’abcès est en relief et est éphémère car il évolue très vite en ulcère (disparition plus ou moins profonde de la couche cellulaire de la cornée).

Comment évolue la Keratoconjonctivite Infectieuse Bovine ?

La Keratoconjonctivite infectieuse bovine L’évolution se fait sur une période assez longue de 3 à 5 semaines vers la guérison avec ou sans séquelles. Les principales séquelles correspondent aux traces d’opacification sur la cornée : de la tâche de la taille d’une épingle jusqu’à tâche complètement opaque voilant totalement l’œil.

Si l’infection n’est pas gérée, des complications peuvent apparaître. Cela peut aller de la perforation cornéenne, l’inflammation pouvant alors se propager dans l’œil, jusqu’à la fonte purulente de l’œil lors d’association avec des germes très virulents. Dans de rares cas extrêmes, il peut y avoir extension de l’infection jusqu’au système nerveux, les animaux meurent alors d’encéphalite (infection cérébrale).

Comment soigner la KCIB ?

Lors de diagnostic précoce, il faut regrouper les malades et tous les traiter.

Le traitement a 3 objectifs :

  1. lutter contre l’infection par l’utilisation d’antibiotiques par voie locale, ou pour les cas les plus avancés par injections ;
  2. calmer la douleur par l’application d’un collyre anesthésique ;
  3. éviter l’apparition de séquelles par l’administration d’anti-inflammatoires. Les anti-inflammatoires corticoïdes sont contre-indiqués (par voie locale en tous cas) car pourraient aggraver le cas si un ulcère est présent.

Il est à noter qu’aucune pommade ophtalmique, que ce soit antibiotique ou anesthésique, ne possède d’AMM Bovin. Leur utilisation doit donc bénéficier d’une analyse risque/bénéfice de la part du vétérinaire, avec les temps d’attente qui en découlent.

Pour les animaux de grande valeur, un traitement chirurgical visant à protéger l’œil est possible, afin d’éviter l’irritation permanente. Le vétérinaire suturera les paupières ensemble, et ce pendant une semaine afin de laisse l’ulcère se cicatriser, et pourra ajouter à cela une injection d’antibiotique sous la conjonctive de l’œil.

Comment protéger ses bovins contre la KCIB ?

Elle repose uniquement sur l’utilisation d’insecticides répulsifs.

Nos articles sur les bovins :