​Quels sont les parasites internes chez les jeunes bovins ? 

Les parasites infestant le système gastro-intestinal des bovins sont nombreux : 

  • la grande douve et la petite douve dans le foie, 
  • le paramphistome dans le rumen et l’intestin grêle, 
  • des strongles (Ostertagia dans la caillette par exemple), etc… 

Ici, nous nous intéresserons qu’à la lutte contre les strongles chez les jeunes bovins lors des premières et deuxièmes années de pâture.

Les infestations parasitaires chez les bovins ont de nombreuses conséquences qui peuvent être cliniques (déclenchant des symptômes visibles) mais qui sont le plus souvent sub-cliniques (répercussions négatives sur les performances ou les paramètres zootechniques), avec une diminution : 

  • Du Gain Moyen Quotidien (GMQ), qui représente le gain moyen de poids par jour des jeunes bêtes ;
  • De la production de lait, tant sur le plan de la quantité que sur les taux butyreux et protéique ;
  • De la qualité du colostrum ;
  • Des paramètres de reproduction, et principalement le nombre d’insémination artificielle avant l’IA fécondante ;  
  • De la réponse vaccinale

Toutes ces paramètres additionnés peuvent avoir de sérieuses conséquences économiques pour les éleveurs.

Afin de répondre au mieux aux attentes des éleveurs, plusieurs paramètres sont à prendre en compte afin d’établir au mieux le plan de lutte contre les infestations parasitaires : 

  • Le type d’élevage : allaitant, laitier ou mixte ;
  • Les objectifs de l’éleveur : vendre des animaux de boucherie les mieux conformés possibles, élever des génisses de renouvellement, etc. ;
  • Le risque parasitaire : il dépend notamment de la région, du climat et des pâtures ;
  • Les pâtures disponibles (y en a-t-il assez pour faire des rotations ?).

Comment réaliser des génisses de renouvellement pour troupeau laitier ?

Au cours de la première année de pâture 

Pour ces jeunes animaux (qui n’ont donc jamais rencontré de parasite d’extérieur), on ne souhaite pas obtenir un taux zéro de parasite à la suite du traitement mais un taux suffisant pour permettre la mise en place d’une immunité

En effet, l’immunité n’étant jamais définitive, on ne cherche pas l’absence de parasite. 

Lors d’un pâturage continu sur la même parcelle

A la sortie de l’hiver, la charge parasitaire résiduelle dans les pâtures dépend largement du climat (charge plus importante sous un climat océanique par apport à un climat continental). 

Les jeunes bovins en 1ère année de pâture vont rapidement recycler les larves qui ont résisté à l’hiver (= larves transhivernantes) et les premiers œufs seront excrétés environ 3 semaines après la mise à l’herbe. 

Les cycles de contamination/excrétion vont avoir lieu tout l’été et la charge parasitaire atteindra un pic à la fin de la saison de pâture, d’autant plus que, le fourrage se raréfiant, les bovins auront tendance à manger les végétaux près des bouses. 

On réalise un traitement régulier, pour ne pas laisser évoluer une infestation massive, tout en permettant un premier contact, assez court, entre le bovin et les strongles, et donc la mise en place de l’immunité. 

Si on utilise de l’ivermectine, on traite pour la première fois 4-5 semaines après la mise en l’herbe. Dans la mesure du possible, on retraite ensuite à 10 et 15 semaines afin de limiter l’infestation parasitaire. 

Si on utilise de la moxidectine (sous sa forme longue-action, avec une rémanence d’environ 3 mois), on peut traiter une unique fois 4-5 semaines après la mise à l’herbe. 

La gestion du parasitisme chez les jeunes bovins

Rotation de pâtures

Au printemps, les veaux sont placés sur une parcelle où le recyclage débute. Dans le courant du mois de juillet, les animaux sont retirés de la première parcelle et placés sur une seconde, relativement saine, après la récolte de foin ou d’ensilage d’herbe. 

Le retour en septembre sur la première pâture s’accompagne d’une exposition brutale à de fortes populations de larves, qui ont survécu dans les bouses pendant l’été, et qui contaminent les herbes avoisinantes à la faveur des premières pluies d’automne. 

Lors de rotation de pâtures, on peut se permettre de ne pas traiter tout de suite à la mise à l’herbe si l’on privilégie les parcelles les plus propres (la contamination n’étant pas suffisamment importante). On peut réaliser un traitement quelques jours avant le changement de pâture. 

Attention à ne pas changer de pâture dès l’administration du traitement (auquel cas les jeunes animaux vont excréter les parasites dans la parcelle propre, la parcelle sera donc contaminé avec des parasites résistants), le retour sur la première parcelle pouvant se faire 4 à 8 semaines plus tard.

 

Durant la deuxième saison de pâturage

Les bovins de deuxième année d’herbe, ayant été infestés l’année précédente par des strongles digestifs, sont plus ou moins immunisés. 

Comme les infestations restent faibles si cette immunité est correcte (si les traitements antiparasitaires ont été bien suivis pendant la première année), le parasitisme digestif n’a pas ou peu de répercussion sur la croissance des bovins de deuxième saison de pâturage. 

Dans le cas inverse, les strongles digestifs (et plus particulièrement ceux situés dans la caillette comme Ostertagia), peuvent avoir des conséquences lors de l’intégration de ces animaux dans le troupeau adulte ou lors du premier vêlage (sortie de latence des larves).

Comment procéder avec les veaux sous la mère en troupeau allaitants ?

En première année de pâture

Chez les vaches adultes, l’excrétion d’œufs de strongles dans les bouses reste peu importante tout au long de l’année en raison de leur immunité développée au fil des infestations successives ; elles ont donc un effet décontamineur de la pâture. 

Il n’en va pas de même pour les veaux sous la mère, qui sont dépourvus de résistance puisqu’ils sont en contact pour la première fois avec les parasites. Les veaux apparaissent donc à la fois comme les animaux les plus sensibles, mais aussi les plus disséminateurs. 

Le risque pour les veaux est fonction de la quantité d’herbe ingérée. Il est différent selon que les veaux sont nés en fin d’automne-début d’hiver, ou bien en fin d’hiver-début de printemps :

Veaux nés en fin d’automne-début d’hiver

Au printemps, ces veaux consomment essentiellement de l’herbe et un peu de lait. L’infestation est donc massive et rapide. Le pic de contamination des pâtures se situe en août-septembre. C’est à cette période-là que des signes de gastro-entérites parasitaires peuvent apparaître, voire plus tôt si les vaches sont peu laitières comme par exemple une charolaise ou une limousine en première lactation.

Le protocole de traitement est identique aux veaux laitiers.

Veaux nés en fin d’hiver-début de printemps

Au printemps, ces veaux consomment essentiellement du lait et très peu d’herbe. Ils n’ingèrent de plus grandes quantités d’herbe que plus tard dans la saison (été et automne), à un moment où les larves transhivernantes ont pratiquement disparu. L’infestation évolue de manière croissante avec les quantités d’herbe que les animaux consomment. L’incidence sur la croissance d’avril à octobre est relativement faible. 

C’est par contre après le sevrage que les retards de croissance se manifestent, et ce d’autant plus que les veaux sont entretenus sur les pâtures contaminées jusqu’en novembre-décembre, ou nourris avec une alimentation insuffisante. 

En fait, plus la quantité d’herbe diminue en automne, plus l’infestation augmente, pouvant entraîner des retards de poids de 20 à 30 kg courant novembre. 

La gestion du parasitisme chez les jeunes bovins

Dans ce type d’élevage, on ne s’intéresse pas à la mise en place de l’immunité, comme les animaux vont être abattus assez jeune. On veut par contre une croissance optimale : on va donc traiter les animaux en conséquent. 

On administre donc un ou deux traitements rémanents (préventif) s’il n’y a pas de rotation de pâtures, à base de moxidectine longue-action ou d’oxfendazole (bolus permettant de délivrer 5 doses de vermifuge à intervalle régulier d'environ 3 semaines). 

S’il y a rotation, on effectue un traitement curatif en fin d’été (les veaux étant encore allaités au début de l’été). 

 

En deuxième saison de pâturage

L’infestation des bovins de deuxième saison de pâturage est liée à la qualité de l’immunité acquise au cours de la première saison. D’une manière générale, l’infestation est faible d’avril à juillet, plus conséquente ensuite. 

Lors de la deuxième saison de pâture, la logique est identique à celle des veaux laitiers.

Quel diagnostic à la rentrée à l’étable à la fin aux deux premières années de pâturage ?

On réalise un diagnostic par dosage du pepsinogène, qui est un bon indicateur des lésions de la caillette, principalement dues aux vers Ostertagia :

  • Si le taux est trop faible, on considère que l’animal n’a pas été assez en contact avec les parasites, à cause de traitements trop intensifs, et cela traduit un défaut d’immunité,
  • Au contraire, si le taux est trop élevé, l’infestation parasitaire est trop importantil faut revoir la gestion des pâtures et des traitements.

On peut réaliser également des coproscopies de mélange (mélange de bouses de plusieurs animaux). On a alors une information seulement qualitative (présence ou absence de vers) mais pas quantitative. 

Pour la deuxième année de pâture, on refait la même chose, mais les animaux doivent normalement avoir déjà acquis une immunité l’année précédente. 

Les animaux adultes sont normalement immunisés, si la gestion des années précédentes a été bien menée. Le traitement n’est donc normalement pas nécessaire. On peut à la rigueur le faire sur des animaux à très forte production. 

Faut-il mettre en place les mesures agronomiques ?

Les mesures agronomiques ne sont pas toujours faciles à faire mettre en place par l’éleveur. Il s’agit d’éviter le surpâturage, de favoriser la rotation des pâtures, le hersage ou les labours, de distribuer des compléments alimentaires au pâturage et/ou de réaliser une alternance ou un copâturage de différentes classes d’âge. 

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