Qu'est ce que la grande douve ?​

La grande douve ou Fasciola hepatica est un parasite se développant dans le foie puis dans les canaux biliaires des ruminants (canaux reliant le foie et la vésicule biliaire). Le parasite adulte mesure 2 à 3 cm et a une forme de feuille. 

La grande douve adulteLa grande douve adulte

Son importance est déterminée par plusieurs facteurs :

  • Il s’agit d’un parasite très fréquent : une étude de 2004 montrait que 90 % des élevages avaient connu une circulation du parasite et, en moyenne, 20 % des animaux étaient excréteurs.
  • La maladie due à l’infestation par la grande douve (appelée fasciolose) est une cause majeure de baisse de production car il y a une baisse d’appétit et des troubles de l’assimilation. La production de lait peut chuter en quantité mais aussi en qualité. On observe aussi une baisse de la fertilité.
  • Les espèces pouvant être infestées sont nombreuses mais il existe une différence de sensibilité : les ovins sont les plus sensibles, les caprins et les bovins un peu moins, tandis que les équins y sont très peu sensibles.
  • On retrouve la grande douve dans tous les pays tempérés et surtout dans les zones humides.

Quel est le cycle évolutif de la grande douve ? 

​L’hôte définitif est un ruminant dans le cas le plus fréquent. La grande douve adulte se trouve libre dans les canaux biliaires de ce ruminant, où elle va pondre des œufs. Ces derniers passent dans le tube digestif puis sont éliminés dans les bouses. Les œufs mâtures évoluent dans le milieu extérieur et vont pénétrer dans un hôte intermédiaire qui est la limnée tronquée

C’est un gastéropode amphibie qui a besoin d’eau, ce qui explique la répartition géographique particulière de la fasciolose dans les zones humides.

Limnée tronquée Limnée tronquée 

Lorsque les conditions du milieu sont favorables, c’est-à-dire une température entre 10 et 25°C et juste après un épisode de pluie, les larves sortent de l’hôte intermédiaire par effraction et s’enkystent sur les végétaux. 

Ensuite, l’hôte définitif au pâturage ingère ces larves enkystées en broutant ou par l’intermédiaire de l’eau de boisson. Il y a alors libération de « jeunes parasites » dans le tube digestif du ruminant, qui vont traverser la paroi intestinale et migrer jusqu’au foie où ils formeront des immatures : ils traversent la capsule du foie, migrent dans le tissu hépatique et atteignent les canaux biliaires.

L’adulte se trouve alors dans les canaux biliaires et est hématophage (se nourrit de sang), alors que les immatures sont dans le tissu hépatique et sont histophages (se nourrissent du tissu de l’organe).

Il faudra attendre au moins 3 mois pour qu’un nouveau cycle se déclenche.

Quels sont les périodes à risque concernant la grande douve ?

​Il y a 3 périodes à risque :

  • La fasciolose d’été précoce : lors de la mise à l’herbe, les animaux sont infestés par des parasite immatures ayant résistés à l’hiver (donc en faible nombre). Le risque est donc limité.
  • La fasciolose d’été tardive, entre mai et juillet : le risque est alors plus important car l’herbe a été fauchée donc les animaux en manque d’herbe se reportent sur les zones humides. Les animaux présentent tout de même peu de signes cliniques.
  • La fasciolose d’hiver : c’est la plus grave. La contamination a lieu à l’automne, la deuxième génération de limnées (en nombre important) libèrent massivement des larves, ce qui est à l’origine d’une pression parasitaire importante. De plus, l’herbe vient à manquer en cette période donc les animaux se reportent sur les zones humides. Un facteur aggravant est la rentrée de plus en plus tardive des animaux en stabulation. 

Quels sont les manifestations cliniques concernant la grande douve ? ​

​Chez les bovins, les manifestations cliniques sont rares, ce parasitisme se traduit surtout par des pertes économiques :

  • Lors de forme aiguë, en automne : elle est due à la migration vers le foie de nombreuses douves immatures. Elle est très rare.
  • Lors de forme chronique, surtout en hiver : c’est aussi la forme la plus fréquente qui s’observe surtout en stabulation et chez les jeunes. Elle se caractérise par des troubles généraux comme de l’anémie, de l’abattement, de l’amaigrissement, ainsi que des troubles respiratoires. La production de lait ou le GMQ diminuent.

L’infestation est rarement mortelle.

Quels diagnostics est-il possible d'effectuer pour la grande douve ? 

​Comme il n’y a rien de spécifique dans les symptômes de cette maladie et qu’on peut seulement avoir une suspicion clinique, les examens complémentaires sont très utiles :

  • La coproscopie : la détection est tardive et se fait après au moins 10 semaines d’infestation. Il faut en effet avoir des parasites sous forme adulte pour qu’ils puissent excréter des œufs dans les selles. C’est un examen assez intéressant à faire en hiver, lors de la rentrée en stabulation.
  • La recherche d’anticorps (sérologie), réalisée sur des échantillons de lait ou de sérum : la détection est plus précoce (de 2 à 6 semaines). La persistance des anticorps est de 2 à 6 mois après contact avec le parasite, ce qui traduit donc une absence d’immunité sur le long terme. Si on a un résultat positif, il peut donc s’agir soit d’un animal infesté, soit d’un animal qui a été infesté ; quoiqu’il en soit, il faut traiter tout le troupeau.

Une des difficultés rencontrées est que la ponte des douves est faible et irrégulière. Lorsqu’on retrouve un œuf, cela signifie que le parasite est présent et l’on considère que tout le troupeau est infesté. Mais si on ne trouve pas d’œufs, on ne peut pas conclure.

La coproscopie reste malgré tout l’examen de choix.

  • La recherche d’anticorps (sérologie), réalisée sur des échantillons de lait ou de sérum : la détection est plus précoce (de 2 à 6 semaines). La persistance des anticorps est de 2 à 6 mois après contact avec le parasite, ce qui traduit donc une absence d’immunité sur le long terme. Si on a un résultat positif, il peut donc s’agir soit d’un animal infesté, soit d’un animal qui a été infesté ; quoiqu’il en soit, il faut traiter tout le troupeau.

Quels traitement​s pour la soigner la grande douve ? 

Les molécules disponibles sur le marché pour lutter contre la grande douve ont des efficacités différentes vis-à-vis des formes adultes et des formes immatures (larves). Si la molécule employée n’a pas ou peu d’efficacité contre les larves, il faut alors refaire un traitement 8 à 10 semaines après, le temps que les éventuelles larves aient atteint le stade adulte.

Les 3 molécules les plus intéressantes de par leur large efficacité sont le triclobendazole, le closantel et l’oxyclozanide. Toutes ces molécules ont désormais un temps d’attente non nul pour le lait, ce qui poussent les éleveurs laitiers à traiter leurs animaux uniquement au tarissement.

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