​Il est rare que les rations soient parfaitement équilibrées en minéraux et vitamines. Il est donc important de fournir ces éléments, le plus souvent en cures de deux ou trois mois à répéter deux ou trois fois dans l’année.

Pourquoi les rations des chevaux sont-elles souvent déséquilibrées ?

Pour les concentrés, il est facile de savoir ce qui est apporté, les concentrations en minéraux et vitamines sont assez standard, connues et peu variables pour les rations traditionnelles (céréales, huile, tourteau de soja), et elles sont indiquées sur les étiquettes des sacs pour les aliments industriels. C’est plus compliqué pour le foin, les taux de minéraux ou d’oligo-éléments peuvent varier de 1 à 10, par exemple pour le Fer, et de 1 à 3 pour le calcium.

Il y a alors deux possibilités :

  • Faire une analyse du foin utilisé. Ce n’est ni très compliqué ni très cher, et cela permet de corriger plus précisément d’éventuelles carences.
  • Si les livraisons de foin sont trop fréquentes car il n’est pas possible de stocker en grandes quantités, cela perd de son intérêt vu les variations d’un foin à un autre. Dans ce cas, il faut instaurer des cures de compléments minéraux vitaminés (CMV) régulièrement dans l’année, les problèmes étant plus dus aux carences qu’aux surcharges. Vous ne risquez donc rien à donner trop de CMV, vous risquez plus à laisser s’instaurer des carences plus de 6 mois.

Les minéraux : Macro-minéraux & Oligo-éléments

Les macro-minéraux et les oligo-éléments sont deux catégories de minéraux. Les macro-minéraux sont, comme leur nom l’indique, contenus dans des quantités importantes, de l’ordre de plusieurs grammes par kg d’aliment, alors que les oligo-éléments, tout aussi importants, sont en quantité bien plus faible, de l’ordre du mg par kg d’aliment. Minéraux et oligo-éléments c’est donc la même chose, c’est juste le poids qui les différencie.

Macro-minéraux : Calcium (Ca) et Phosphore (P)

Le calcium est essentiel pour le métabolisme osseux et le bon fonctionnement musculaire. Les besoins sont de l’ordre de 20 à 30 grammes par jour. Le calcium est apporté en quantité suffisante par le foin, la luzerne, alors que les céréales en sont souvent assez pauvres.

Le phosphore intervient aussi dans la bonne minéralisation de l’os, ainsi que dans le métabolisme énergétique. Les besoins journaliers sont de l’ordre de 10 à 20 grammes par jour. Le phosphore est contenu en grande quantité dans les céréales.

Si les apports en chaque élément sont importants, ce qui l’est encore bien plus, c’est leur équilibre respectif : le rapport phospho-calcique. Il doit être supérieur à 1,5 (donc une fois et demi plus de Ca que de P) et inférieur à 3 (donc 3 fois plus de Ca que de P). Dans l’idéal on cherche souvent un Ca/P à 2 (2 fois plus de Ca que de P). Un rapport déséquilibré aura des effets négatifs sur le métabolisme osseux et un risque de fragilisation squelettique.

Comme les céréales apportent beaucoup de P, les rations seront souvent à corriger dans le sens d’augmenter les apports de Ca. Une ration mal équilibrée en Ca et P expose le cheval à des risques de blessures squelettiques.

La gestation, la lactation, la croissance, augmentent les besoins en calcium de l’ordre de 1,5 au double.

Macro-minéraux : Magnésium

Il intervient dans la plupart des grands métabolismes, glucidique, protéique, lipidique, ainsi que dans le métabolisme immunitaire. Il agit également comme sédatif nerveux et est donc contenu en grande quantités dans de nombreux compléments qui contribuent à diminuer le stress.

Oligo-éléments

Les deux oligo-éléments qui sont les plus souvent à corriger dans les rations sont le Cuivre et le Zinc.

  • Une carence en Cuivre peut provoquer une anémie (manque de globules rouges) ou des problèmes squelettiques.
  • Une carence en Zinc entraîne une baisse de l’immunité et de l’état de forme du cheval.

Comme pour Ca et P, on cherche un rapport Zn/Cu, avec 3 fois plus de Zinc que de Cuivre. Souvent carencées, les rations sont à supplémenter surtout pour ces deux éléments.

Le Fer est également souvent ajouté à la ration. Bien que la réelle carence soit rare, son apport permet de prévenir une baisse des globules rouges (anémie) en cas d’efforts musculaires intenses et/ou répétés.

Le sélénium est un puissant anti-oxydant, et a un rôle majeur dans la protection des membranes, entre autres celles des cellules des muscles. Les apports dans l’aliment sont souvent faibles, aussi la carence existe, et est dangereuse (risque de myosite notamment). De nombreux compléments associant la vitamine E et le Sélénium (action biologique coordonnée) visent à préserver l’intégrité du fonctionnement musculaire.

Les vitamines

De nombreuses vitamines sont nécessaires au cheval :

  • Vitamine A (Synthèse des protéines)
  • Vitamine D (Minéralisation osseuse)
  • Vitamine E (Anti-oxydant), coordonnée avec
  • Vitamine K (Coagulation)
  • Vitamines du groupe B (Métabolismes variés)
  • Vitamine C

C’est sur cette dernière que nous nous attarderons, car même si le cheval est capable d’en synthétiser une grande partie lui-même, elle a tant d’importance sur son état général et son système immunitaire qu’il est très utile de faire des cures dès qu’il montre des signes de fatigue ou de risques d’affections respiratoires. 

Dr Aude Lhérété, vétérinaire et rédactrice